As Bestas remporte 9 Goyas en Espagne
Le film de Rodrigo Sorogoyen a connu un triomphe total lors de la remise des Goyas, équivalent des Césars en Espagne, qui se tenait samedi soir.
A l’issue de la cérémonie des Goyas, As Bastas est donc reparti avec neuf récompenses, dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario. Les français Denis Ménochet et Olivier Arson sont sacrés respectivement meilleur acteur et meilleur compositeur. Nommé aux Césars en 2019 pour Jusqu’à la garde et en 2020 pour Grâce à Dieu, Ménochet n’avait jamais reçu une récompense majeure. C’est donc une consécration méritée. Quant à Rodrigo Sorogoyen, c’est la deuxième fois qu’il obtient le Goya du meilleur réalisateur – après son impressionnant thriller politique El Reino (2019). A seulement 41 ans, il n’est plus très loin du record des trois Goyas, détenu conjointement par Pedro Almodovar (Tout sur ma mère, Volver, Douleur et gloire) et Fernando León de Aranoa (Barrio, Les lundis au soleil, El buen patron).
Classé septième dans le Top10 du Huzar sur le toit pour l’année 2022, c’est peu de dire qu’As Bestas nous a conquit. Son argument principal est en apparence peu riche en suspens : un couple de français installé en territoire rural espagnol, peine à se faire accepter par ses voisins. Néo-ruraux gérant une ferme biologique, hostiles à l’installation d’éolienne dans les environs du village, Antoine (un Denis Ménochet) et Olga (Marina Foïs) deviennent progressivement la cible d’actes malveillants. Une fois la spirale infernale enclenchée, la violence va crescendo. Sorogoyen excelle dans l’installation d’une tension permanente, jusqu’à ce que le climat devienne véritablement étouffant. Qu’elle use d’un long plan fixe à l’atmosphère irrespirable (la confrontation d’Antoine et de ses deux antagonistes dans le troquet) ou du ralenti (la belle scène d’ouverture centrée sur la capture de chevaux sauvages), la mise en scène fait preuve d’une maîtrise qu’il est permis de qualifier d’hitchcockienne. Le scénario, habilement construit, suit un cheminement constamment surprenant, si bien que le spectateur est plongé dans une inquiétude perpétuelle. Obsessionnels chacun à leur manière, Antoine et Olga prennent tour à tour les rennes de la résistance à la forme de harcèlement dont ils sont victimes. Denis Ménochet est tout simplement formidable dans le rôle de l’homme massif à la colère rentrée, résolu à ne pas se laisser faire. Marina Foïs impressionne, surtout dans la deuxième partie du film, qu’elle porte sur ses épaules avec une grande force de conviction.
Grand succès de l’été dernier en France, Ad Bestas a rassemblé 325 000 spectateurs en salles. En Espagne, il a cumulé près de 700 000 entrées. L’histoire n’est pas terminée puisque le film est nommé aux Césars, dans la catégorie meilleur film étranger.