Les Trois Mousquetaires : une suite en demi-teinte
La deuxième partie de l’adaptation du roman d’Alexandre Dumas reste un divertissement de bonne tenue, même si l’on regrette une intrigue inutilement alambiquée.
Saluons d’abord un pari globalement réussi : le diptyque Les Trois Mousquetaires, produit par Dimitri Rassam et doté d’un budget de 70 millions d’euros, est une belle proposition de divertissement populaire. On n’en attend pas moins du cinéma français. Malgré quelques réserves, le premier volet D’Artagnan avait de quoi susciter l’enthousiasme (voir la critique du Huzar sur le toit). En réunissant 3,4 millions de spectateurs en France au printemps dernier (et plus d’1,6 à l’étranger), il s’est assuré un succès confortable. Dans la deuxième partie, intitulée Milady, on retrouve d’incontestables points forts : la qualité de l’interprétation (de Louis Garrel toujours irrésistible en Louis XIII au quatuor des mousquetaires) ainsi que la beauté des costumes et des décors. Les personnages dessinés par Dumas et le cadre de la France des années 1620 permettent au film d’atteindre une ampleur romanesque appréciable. Si les scènes de combat à l’épée sont toujours rendues illisibles par une caméra épileptique, la séquence de l’attaque des remparts de La Rochelle est en revanche un morceau de bravoure remarquable. Le moment clé qui scelle le destin de Constance Bonacieux (Lyna Khoudri) s’éloigne de façon intelligente du roman pour offrir un montage alterné digne des films à épisodes produits par Pathé à l’époque du cinéma muet et s’achève de manière déchirante.
Le principal défaut de ce deuxième volet, c’est son intrigue, que les scénaristes Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière ont rendue touffue, pour ne pas dire indigeste. Le récit repose sur des fils entortillés et le film déploie une énergie folle à les démêler, au détriment de l’ampleur de l’action et du développement des personnages. On ne comprend guère les motivations de Milady tandis que le personnage de d’Artagnan, toujours interprété avec conviction par François Civil, se trouve réduit à une partition un peu convenue. Le peu de présence à l’écran du quatuor formé par Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan, dont l’alchimie constituait pourtant l’atout principal du premier volet, est regrettable. La résolution du complot qui menace le trône de France réserve néanmoins d’habiles surprises et respecte davantage les personnages historiques que ce que l’issue du premier volet laissait entrevoir. Autre bémol : en voulant humaniser le personnage de Milady, notamment en la rendant moins cruelle, les scénaristes l’ont quelque-peu aseptisé. Eva Green apporte toutefois une grande force à cette figure de vamp qu’on croirait sortie d’un film noir.
Milady n’est donc qu’à moitié réussi. Malgré tout, Les Trois Mousquetaires marque un jalon important dans l’évolution du cinéma populaire français. La fin ouvrant sur un possible troisième volet, on reste alléché par la perspective de découvrir la suite de cette aventure.